Jacques Mayeux

 

Biographie

Né en 1946 à Lille.

Diplôme de l'ENSAIT - Section Arts appliqués - Roubaix.

 

Très jeune, Jacques Mayeux manifeste sa volonté de peindre et dès 1964, il expose au Palais Rihour de Lille avec le « Centre d’expression artistique »  présentant alors des peintures gestuelles.

 

De 1963 à 1967, il étudie la sculpture et la céramique à l’école des Arts Appliqués de Roubaix et fréquente pendant plusieurs années l’atelier de Jean Brisy, céramiste à Lille où il réalise de nombreuses sculptures en terre cuite.

 

A partir de 1972, Jacques Mayeux utilise la linogravure puis une technique de gravure faite d’empreintes sur styroforme produisant des œuvres d’un dessin très net suggérant un univers machiniste agressif.

 

Vers 1975, vient l’expérimentation de peintures (gouache, brou de noix, encres, aérosol…) sur différents papiers parfois froissés, volontairement ou non, repassés, décolorés à l’eau de Javel, souvent malmenés comme pour mieux s’approprier le support.

 

Cette peinture totalement abstraite est donc, en même temps, « réaliste » : les masses, les « structures » existent en tant que telles, se déploient sur tout un espace matériellement « vrai » - elles sont cette étendue même.

Patrick Horel, juin 1976 - Extrait.

 

En 1980 une empreinte se produit accidentellement sur une feuille de papier, et une pratique de peinture à base d’empreintes se poursuivra : pressage de feuilles de papiers sur des éléments ordinaires, déchets de cartons d’emballage, morceaux de plastiques, végétaux etc, préalablement recouverts de peinture - Poursuite du hasard proposé.

 

Mayeux prend appui sur les suggestions du support préparé pour faire advenir des figures peu nommables, qui dénoncent par leur existence même la prétendue distinction entre « figuration » et « abstraction », et participent d’un univers mixte où s’entremêlent les souvenirs du matériau originel et les appréhensions d’un monde étrange, au sein duquel lumière et ombre, végétal et industriel, biologique et inorganique sont équivalents.

Gérard Durozoi, mai 1986 - Extrait.

 

Ces peintures-empreintes se poursuivent sur différents supports dont des bâches de très grands formats.

 

1989, avec Angèle son épouse, premier voyage dans les hautes vallées himalayennes du Zanskar : l’émerveillement !

Pendant plus de dix ans, de nombreux voyages en toutes saisons à la rencontre de peuples isolés, au Zanskar, chez les Kalash de l’Hindu-Kush au Pakistan, avec les nomades Tsaatanes au nord de la Mongolie. Conférences, expositions de photos, publication d’un livre.

 

2002, il retrouve le chemin de l’atelier, grandes peintures monochromes sur le thème des gisants. Du trait de Jacques Mayeux on pourrait dire qu’il emporte tout ce qu’il a retenu d’un contact visuel avec la réalité d’images dont il devient en quelque sorte la mémoire. Ce trait ne se charge pas des détails vus même si on peut parfois en distinguer quelques-uns comme les empreintes encore visibles du passage du temps qui les aurait épargnées. Mais ces choses ne sont pas très importantes en regard de l’énergie douce comme une courbe de l’espace qui se déploie autour d’elles. Le trait ne suture pas l’exubérance de la réalité, il contient plutôt la couleur chargée de l’unifier, corps, vêtements, objets divers, terre, végétaux, tout converge vers une forme la plus libre possible de son sujet. C’est une danse légère sans rien sur elle qui pèse ou qui pose, musique du silence, théâtre de la nature. Jacques Mayeux calligraphie le vide par le plein d’une écriture picturale comme la trace visible d’une mémoire uniquement soucieuse d’harmonie. C’est une épure.

Jean-René Lefebvre, 22 janvier 2005.

 

2014, nouvelles peintures-empreintes sur grandes toiles libres où apparaît parfois la présence humaine.

Un monde de l’entre 2, où la pensée emprunte des chemins de traverse - lieux vierges, indicibles - pour se construire un territoire, une enceinte que Jacques Mayeux, comme une évidence, définit sur le sol en un dispositif. Des éléments choisis : matériaux divers, plastique, carton, végétaux occupent l’espace induit. L’installation est rigoureuse, précise, simple, ossature en jachère dans un espace parfois clos, elle est imprégnée de peinture pour en garder l’empreinte. Sur la toile de lin, couché sur  ’ébauche, Jacques s’allonge et la force à se livrer, se roule dessus. Corps à corps à prendre, voilé, marquage.

A genoux, ses mains passent et repassent sur le lin, leurs caresses nivellent les derniers plis. Cheminement, accompagnement, Jacques marche sur la toile, la presse.

La toile levée révèle  l’empreinte. Imparfaite, elle ouvre des pistes.

Formes et matériaux par leur caractère et leur nature différente dérèglent et perturbent l’espace, entrent en conflit, s’affrontent dans le confinement imposé et fusent s’offrant une zone d’errance, sans retenue, hors champ.

L’empreinte imprévisible permet cette digression tant qu’elle se refuse les codes préétablis. Elle sert l’artiste et lui répond.

Et puis ces zones de passage intenses : Cisaillements, griffures, repliement du bourgeon clos, danse des feuilles et du temps, homme debout sans voix, passages vers d’autres lieux, d’autres ailleurs où l’on se sentira toujours perdu, coincé sous quelques feuillages oubliés. Ascèse.

Angèle Mayeux, 28 février 2016.

Toutes les photographies de ce site sont la propriété exclusive de Jacques Mayeux.